Les Libéraux
Les 6 positions clivantes les plus caractéristiques des Libéraux
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93% sont hostiles à la sortie de l’Union Européenne.
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92% sont hostiles au droit de vote des étrangers.
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88% sont hostiles au revenu universel de 800 euros pour tous.
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85% sont favorables à l’interdiction du voile dans les universités.
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85% sont hostiles à la fermeture des centrales nucléaires.
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84% sont hostiles à l’augmentation des impôts des plus riches.
SOCIOLOGIE
Les Libéraux appartiennent fréquemment à une frange de la société catholique, aisée et disposant de patrimoine économique
Les Libéraux représentent 7% de la population française. Ils constituent un cluster majoritairement masculin et âgé. Il comprend beaucoup de retraités. Malgré leur âge assez élevé en moyenne, les Libéraux ont souvent fait des études supérieures, signe pour cette génération d’une appartenance à des milieux aisés. Ils sont d’ailleurs l’un des trois clusters comprenant le plus de très hauts diplômés ayant fréquenté les filières les plus prestigieuses (grandes écoles d’ingénieurs et de commerce, doctorat de médecine…). Beaucoup de Libéraux sont ou ont été cadres dans le privé. Parmi ceux qui travaillent, ils sont nombreux à exercer en indépendants ou comme professions libérales. Ils dessinent un groupe aisé dont les revenus sont bien supérieurs à la moyenne ; d’ailleurs 82% des Libéraux paient l’impôt sur le revenu.
Du point de vue de leur patrimoine économique, ils ressemblent aux Centristes. La plupart des Libéraux sont propriétaires de leur logement et ils sont le cluster qui possède le plus d’éléments de patrimoine, ainsi que le plus haut volume d’épargne disponible sur ses comptes. Seuls 4% des Libéraux n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Logiquement, ils ne s’identifient presque jamais aux classes populaires.
Les Libéraux sont l’un des clusters les plus croyants, les plus chrétiens et plus pratiquants. L’identité chrétienne a une grande influence sur leurs orientations culturelles. Enfin, parmi les clusters diplômés et aisés, ils se distinguent par un niveau de méfiance et de pessimisme relativement élevé.
SYSTÈME D’OPINION
Les Libéraux sont très hostiles aux remises en cause jugées démagogiques de la réussite sociale et des élites, se reconnaissent dans le libéralisme économique et sont plutôt conservateurs sur les enjeux culturels et identitaires
Une des caractéristiques du système d’opinion des Libéraux, c’est leur grande méfiance à l’égard des propositions de transformation radicale de la société. Les Libéraux sont de loin ceux qui s’opposent le plus aux solutions des syndicats et de la gauche en matière économique, qu’ils jugent « simplistes » et « démagogiques ». Ils sont de même exaspérés par le discours « populistes anti-élites », tout particulièrement lorsqu’il est dirigé contre ceux qui ont réussi par leur travail. De tous les clusters aisés, ils sont, et de très loin, les plus fermement opposés à l’augmentation des impôts des plus riches. Ils se reconnaissent dans des valeurs qui sont traditionnellement associées au libéralisme et à la droite : hostilité aux 35 heures, demande de réduction du nombre de fonctionnaires, refus de l’assistanat… Pour toutes ces raisons, ils ont tendance à se définir eux-mêmes comme « libéraux ».
Sur les enjeux culturels et identitaires, comme les autres clusters chrétiens plutôt âgés, ils adoptent des positions marquées par le conservatisme en matière sociétale et par le rejet du multiculturalisme. Ils sont ainsi l’un des deux clusters les plus opposés à l’adoption par les couples homosexuels et nombre d’entre eux ont participé à la « Manif pour tous ». Ils sont d’ailleurs très favorables à « l’École libre ». Ils sont aussi très hostiles aux manifestations de l’Islam dans l’espace public. Enfin, même s’ils ne contestent pas le réchauffement climatique, ils sont hostiles à une certaine écologie perçue par eux comme « gauchiste » et « punitive ». Ils sont par ailleurs pronucléaires. Enfin, comme tous les clusters diplômés et aisés, ils sont très attachés à la construction européenne et se sentent eux-mêmes « Européens » dans des proportions comparables aux clusters de la gauche cosmopolite.
CLIVAGE GAUCHE-DROITE
Les Libéraux se considèrent dans leur majorité comme de droite modérée
Parmi les Libéraux, la distinction gauche/droite reste un repère important. C’est là d’ailleurs un point commun aux clusters plutôt âgés et diplômés. Concernant leur positionnement sur ce clivage, les Libéraux ne choisissent jamais le versant gauche. Ils se situent dans leur très grande majorité (75%) soit au centre, soit à droite mais en privilégiant les cases modérées plus que les positions extrêmes, ce qui est, là aussi, un trait commun aux clusters aisés et diplômés.
RAPPORT AUX GILETS JAUNES
Les Libéraux sont l’un des clusters les plus opposés aux Gilets Jaunes
Les Libéraux n’ont guère apprécié l’évolution des Gilets Jaunes. Au départ, lorsque le mouvement semblait principalement orienté contre la taxe sur les carburants et pouvait même être assimilé à une mobilisation de droite, certains Libéraux ont eu de la sympathie pour les Gilets jaunes auxquels ils ont même parfois apporté un soutien actif. Mais l’évolution du mouvement, sa radicalisation, son orientation antisystème, leur ont rapidement profondément déplu. Les Libéraux sont ainsi, après les Centristes, le cluster qui a le moins placé de gilets jaunes sur les parebrises et celui qui est devenu le plus défavorable à cette mobilisation aux antipodes de son système d’opinion.
ORIENTATIONS ÉLECTORALES
Les Libéraux représentent le cœur électoral de la droite
Les Libéraux sont un cluster très politisé. Comme les autres clusters diplômés et aisés, ils suivent attentivement la politique et sont très bien informés. Ils composent d’ailleurs le cluster qui écoute le plus les radios généralistes : celles du secteur privé (RMC–RTL–Europe 1) mais aussi France Info qui arrive en tête dans ce cluster. Ils représentent, à eux seuls, à peu près la moitié du lectorat du Figaro. Autre signe de leur forte politisation, les Libéraux sont, après les Multiculturalistes, le groupe qui parle le plus fréquemment de politique. Logiquement, ce cluster diplômé, aisé et plutôt âgé, est celui qui vote le plus aux élections. Avec les Centristes, il offre, sur ce plan, un avantage concurrentiel considérable aux candidats du centre et de la droite. Disposer de clusters aussi participationnistes permet aussi de mieux comprendre pourquoi les primaires de la droite de 2016 avaient rencontré un tel succès réunissant 4,27 millions de votants contre seulement 2,86 pour celles du Parti Socialiste en 2011.
Les Libéraux constituent depuis au moins 40 ans le cœur battant de la droite. Dans le cadre de duels opposant gauche et droite, ils votent toujours à plus de 90% pour la droite. Ainsi, en 2007, au second tour, ils ont voté à 96% en faveur de Nicolas Sarkozy. En 2012, ils lui accordaient toujours 92% de leurs suffrages face à François Hollande.
L’offre au premier tour d’une présidentielle est plus diversifiée et elle était, sans doute, plus complexe que d’habitude en 2017. François Fillon était de loin le candidat le mieux disant compte tenu de son positionnement libéral économiquement et conservateur culturellement. Ainsi, malgré les affaires ayant fortement affecté sa campagne, six Libéraux sur dix ont voté en sa faveur, démontrant à quel point les enjeux de fond sont plus déterminants que les questions d’images. Quoi qu’il en soit, c’est en partie grâce à la fidélité des Libéraux (60% dans ce cluster) que François Fillon a réalisé un score lui permettant d’approcher une qualification au second tour. Le reste de leurs voix s’est porté sur Emmanuel Macron (27%), tous les autres candidats obtenant au plus 5% des suffrages.
Les Européennes de 2019 ont été marquées par des évolutions remarquables au sein de ce groupe. Les Libéraux ont en effet placé en premier la République en Marche (43%), reléguant les Républicains au second rang (29%). Cette évolution a pu être favorisée par les deux premières années de la présidence d’Emmanuel Macron incarnée par des personnalités issues des Républicains telles qu’Edouard Philippe, Bruno Le Maire ou Gérard Darmanin, et par un réflexe légitimiste résultant de la crise des Gilets Jaunes. Quoi qu’il en soit, c’est dans cet exode des Libéraux vers la République en Marche qu’il faut rechercher l’un des principaux facteurs explicatifs de la crise de la droite française.
ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022
Un cluster décisif pour l’avenir du centre et des droites
Les Libéraux sont au cœur des recompositions et des nouveaux équilibres politiques. Ils vont constituer un espace de concurrence intense entre les offres incarnées par Emmanuel Macron, le candidat des Républicains et Éric Zemmour. Comme l’ont montré les élections récentes, ils peuvent tout aussi bien voter pour le Président en exercice, dont ils sont globalement satisfaits, que pour une candidature issue des rangs des Républicains, dont ils devraient partager le positionnement idéologique et programmatique. Ils pourraient aussi être attirés par Éric Zemmour dont le positionnement sur les enjeux culturels et identitaires correspond plutôt bien à leur système d’opinions, mais il ne faudrait pas pour cela que cette candidature prenne une dimension trop antisystème, trop eurosceptique ou trop aventureuse, ce qui ne correspond pas à leur forte demande de stabilité.
STATISTIQUES
Edouard a 31 ans
Edouard a 31 ans. Avocat dans un grand cabinet de droit des affaires français, il vit à Paris dans le XVème arrondissement depuis plusieurs années.
Edouard a passé son enfance en périphérie de Lyon, dans une commune aisée. Fils d’un couple de médecins spécialistes, Edouard a reçu une éducation qu’il qualifie de « traditionnelle ».
Bien qu’il ne fréquente que rarement les églises, Edouard reste attaché à la tradition catholique et se rend chaque année à la messe de Noël en famille.
Edouard a fréquenté des établissements privés catholiques dés l’école primaire, jusqu’à intégrer la faculté de droit, au sein de laquelle il a suivi un cursus de droit des affaires.
Diplômé de l’école des avocats, il est monté à Paris et a intégré un grand cabinet d’affaires dans lequel il travaille depuis 5 ans.
Elève brillant tout au long de son parcours scolaire, Edouard reconnait qu’il a été éduqué « dans le plus profond respect des règles et du respect ». Selon lui, c’est en grande partie « grâce à cette éducation stricte qu’il a pu réussir son parcours scolaire. » Edouard travaille en moyenne 60 heures par semaine au sein de son cabinet, « comme la plupart de ses collègues ». Il assume pleinement que la motivation économique est le moteur de son investissement professionnel. Edouard envisage d’acheter prochainement un appartement dans le XVème arrondissement de Paris, un quartier qu’il apprécie, « pour sa proximité avec la ville et pour son calme ». La loi des 35 heures est pour lui « un handicap français. »
Edouard se définit lui-même comme « libéral ». Pour lui, le « marché guide l’économie du monde. Ceux qui veulent réussir doivent s’adapter à cette concurrence mondialisée. » Avocat fiscaliste, Edouard travaille essentiellement sur des projets de fusions/acquisitions. Selon lui, les réglementations françaises sont « obsolètes et trop rigides pour lutter à armes égales avec d’autres puissances économiques », y compris en Europe. Edouard se déclare « attaché au modèle social français » et notamment à la sécurité sociale qu’il « faut continuer à réformer pour sauver ». La fin des régimes spéciaux de retraites sera selon lui une avancée, tout comme l’a été la suppression de l’ISF. Pour Edouard, il faut « tout mettre en oeuvre pour que le pays soit le plus compétitif possible sur le plan économique et inciter au mieux les investissements ».
Depuis son arrivée à Paris, Edouard reconnait qu’il fréquente des milieux plus divers et qu’il « a évolué sur certains sujets de société ». Il est favorable au mariage entre personnes du même sexe alors que ses parents avaient manifesté contre la loi en 2013.
Edouard ne « ressent pas de problème particulier vis-à-vis de l’immigration» mais il pense que « l’Islam ne doit pas s’imposer dans l’espace public » et que « tout immigré qui arrive chez nous doit s’intégrer et respecter strictement la loi ».
Edouard suit l’actualité politique par l’intermédiaire de la presse en ligne et des réseaux sociaux. Depuis sa majorité, il a raté peu d’élections. Edouard vote à droite, comme ses parents et la quasi totalité de sa famille. En 2017, son choix s’est porté sur Emmanuel Macron, qu’il a trouvé intéressant sur la plan économique et plus moderne que le candidat LR François Fillon, pour lequel ses parents ont voté. Il votera à nouveau pour Emmanuel Macron en 2022, considérant que « son action va dans le bon sens pour le pays » et qu’il a su gérer avec efficacité la crise du COVID.