SOCIOLOGIE

Les Centristes sont majoritairement des diplômés appartenant aux classes aisés et disposant d’un important patrimoine économique

Les Centristes représentent 6% de la population française. Ils composent un groupe au sein duquel sont largement surreprésentées les catégories sociales supérieures. Cela se vérifie sur quasiment toutes les dimensions. Les Centristes sont ainsi le cluster qui comprend le plus de diplômés du supérieur, dont une proportion significative de diplômes à haute valeur économique: écoles de commerce, écoles d’ingénieurs, facultés de droit et de médecine…

Nombre de Centristes sont soit des retraités, soit des cadres supérieurs ou des professions libérales. Ils sont ainsi le cluster qui déclare le plus haut niveau de revenus et sont, avec les Libéraux, ceux qui ont le plus de patrimoine économique. Logiquement, les Centristes sont le groupe qui «boucle le plus facilement les fins de mois».

Ils sont par ailleurs le cluster avec la plus grande proportion de deux parents français (84%). Comme les autres clusters diplômés et aisés, les Centristes sont surreprésentés dans les grandes métropoles. Enfin, avec les Progressistes, les Centristes sont le segment de la population qui présente le plus haut niveau d’optimisme. Les professions les plus typiques des Centristes sont: ingénieur, médecin, avocat, cadre supérieur…

SYSTÈME D’OPINION

Les Centristes sont des modérés, très pro-européens et plutôt libéraux sur le plan économique

Les Centristes se caractérisent, en premier lieu, par une attitude générale: la modération. Les Centristes rejettent toutes les options radicales, qu’elles soient issues de la gauche ou de la droite. Rien ne leur déplait plus que le populisme ou le dégagisme. Une figure telle que Didier Raoult les a presque immédiatement dérangés, voire rebutés. C’est pourquoi ils sont le cluster le plus opposé à la «destitution des élus par référendum» et l’un des plus opposés à verser le salaire médian de 1700 euros mensuels aux députés.

Leur sentiment d’appartenir aux élites et leur rejet des positions perçues comme simplistes ou démagogiques se manifestent également dans leur hostilité à augmenter les impôts des plus riches. Même s’ils n’aiment pas les points de vue radicaux et trop tranchés, les Centristes sont eux aussi des causes auxquelles ils sont profondément attachés. Dans leur cas, il s’agit de la construction européenne. Non seulement, tous les Centristes souhaitent faire partie de l’Union Européenne, mais être Européen est une composante de leur identité qu’ils associent naturellement à leur sentiment d’être Français.

Sur les questions identitaires et sociétales, les Centristes adoptent des positions plutôt ouvertes (hostilité à la peine de mort, solidarité avec les migrants) mais qui restent bien plus modérées que les clusters les plus progressistes. Sur les enjeux économiques et sociaux, les Centristes sont plutôt libéraux, mais là aussi en conservant ce style pragmatique et modéré qui les caractérise.

CLIVAGE GAUCHE-DROITE

Les Centristes s’identifient au «centre» et à la droite modérée

Les Centristes restent l’un des clusters pour lesquels le clivage gauche/droite continue à faire sens comme en témoigne le fait qu’ils ne se positionnent que très peu « ni à gauche ni à droite ». Ils sont le cluster qui choisit le plus fréquemment le « centre » (33%), et le font par conviction et non pas par défaut . Ils se positionnent aussi volontiers dans les catégories de la droite modérée et se positionnent très peu « à gauche » ou « très à gauche » .

RAPPORT AUX GILETS JAUNES

Les Centristes sont le cluster le plus hostile aux Gilets Jaunes

Dès le départ, la majorité des Centristes a été défavorable aux Gilets Jaunes alors que le mouvement bénéficiait pourtant d’un large soutien dans l’opinion (75% de soutien en novembre 2018). Les Centristes étaient totalement absents des ronds-points et des manifestations. Ceux qui parmi les Centristes pouvaient éprouver une certaine sympathie initiale, sont vites devenus défavorables lorsque le mouvement s’est radicalisé et que sa charge antisystème est devenue de plus en plus perceptible. Solidaires du président Macron, les Centristes ont d’ailleurs considéré que les violences étaient principalement imputables aux manifestants et aux «extrêmes».

ORIENTATIONS ÉLECTORALES

Les Centristes ont contribué à placer Emmanuel Macron devant François Fillon à l’élection présidentielle

Comme les autres clusters diplômés et aisés, les Centristes sont plus informés et politisés que la moyenne. Ils sont d’ailleurs, avec les Multiculturalistes, le groupe qui écoute le plus les radios d’information, se partageant entre le service public et les stations privées (RTL, Europe 1, RMC). Les Centristes sont, en conséquence, très participationnistes: 86% de participation au premier tour de la présidentielle de 2017, par exemple. Pour un candidat, être le premier choix d’un groupe aussi mobilisé représente un réel avantage concurrentiel. Le vote des Centriste sa toujours été orienté vers le centre et la droite. Ainsi, en 1981 ils avaient voté en faveur de Valéry Giscard d’Estaing et en 1988 de Jacques Chirac contre François Mitterrand. Trente ans plus tard, en 2012, ils faisaient le choix de Nicolas Sarkozy contre François Hollande. Du fait de leur positionnement modéré et libéral économiquement, les Centristes forment ce qu’on appelle historiquement le centre-droit. En 2017, ils se sont très largement retrouvés dans la candidature d’Emmanuel Macron: 65% d’entre eux ont voté pour lui contre seulement 22% pour le candidat des Républicains François Fillon, dont le positionnement pouvait paraître trop conservateur et dont l’image a été abimée par les affaires. Au second tour, aucune voix des Centristes ne s’est portée sur Marine Le Pen.

ENJEUX POUR LA PRESIDENTIELLE 2022

Les Centristes sont devenus le cœur de la coalition d’Emmanuel Macron

Depuis la dernière présidentielle, le soutien à la présidence d’Emmanuel Macron n’a fait que se renforcer chez les électeurs Centristes. Ainsi, aux Européennes de 2019, près des trois quarts des Centristes ont voté pour le parti présidentiel, délaissant presque totalement les Républicains, dont les résultats sont même devenus inférieurs à ceux des écologistes au sein de ce cluster. Les Centristes sont aujourd’hui le cluster le plus homogène dans son vote, préférant à une écrasante majorité Emmanuel Macron. Il faudrait des évènements inattendus et spectaculaires pour que le président en exercice ne soit plus le premier choix des Centristes lors de la prochaine présidentielle.

 STATISTIQUES